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Vampire, miroir de l'âme

Le vampire est une créature miroir. Il reflète beaucoup de symboles de l'inconscient collectif, mais il peut aussi se faire le témoin de nos propres passions intérieures. Il interpelle chacun de nous et chacun peut voir en lui quelque chose de différent : selon le contexte, selon ses propres peurs, selon son point de vue. De tous ces reflets, en voici quelques uns...

Publication : février 2000
Modifications : 30 avril 2005, 10 novembre 2012, janvier 2014.

La peur de la nuit

Berceau d'un nombre incalculable de créatures malfaisantes, la nuit est porteuse de maléfices, toutes civilisations, toutes superstitions confondues.

La disparition du soleil entraîne l'angoisse instinctive que celui-ci ne réapparaisse jamais ; le monde des hommes serait alors livré à l'obscurité éternelle. C'est un pressentiment de mort où, privé d'un des sens les plus importants, l'esprit est plongé dans la nuit perpétuelle.

Le Sommeil de la Raison produit des monstres, F. de Goya 1798L'homme n'est pas vraiment fait pour la nuit : non seulement il n'y voit pas ou très mal (pas naturellement en tout cas), mais il y est aussi plus fragile psychologiquement (les malades et les blessés meurent plus souvent la nuit que le jour). Cette fatalité prend forme dans les mythes et les légendes sur les créatures qui hantent la nuit. Ces entités supérieures seraient pourvues de consciences et de volontés hostiles que le soleil, protecteur de l'homme, chasserait au lever du jour. De cette distinction découle l'image manichéenne bien/jour mal/nuit, alors que ce ne sont que les deux facettes complémentaires d'une même chose. (voir Eros et Thanatos.)

Le nom. Les premiers hommes se trouvaient entourés de phénomènes dont ils ne comprenaient pas l'origine. Quelle que fut la nature des énergies qui régissaient l'univers et qui cycliquement mettaient l'homme à l'épreuve, elles devaient être désignées et reconnues, afin d' être tolérables et concevables à l'esprit, par un nom.
Donner un nom, c'est former l'informe, c'est emprisonner l'impalpable, c'est doter l'inconnu des faiblesses et des limites du connu. Le nom est lié, irrémédiablement, à son propriétaire. Grâce à un nom, le magicien (toutes cultures confondues) est traditionnellement capable de canaliser sa volonté sur une cible. Il peut donc tenter de contrôler ces puissances, en les invoquant, les suppliant, ou les conjurant pour leur interdire d'approcher des habitations.

Conjuration. La plus forte conjuration de la peur est le rire, d'où les comptines ou encore les célébrations costumées qui sont arrivés jusqu'à nous, comme Halloween.
Malheureusement, le rire n'est pas été la seule arme employée contre la Peur : vampires et sorcières sont probablement les meilleurs exemples de conjurations du « mauvais sort » par la manière forte, tenant le rôle de bouc émissaire pour tous les évènements mystérieux (épidémie, famines, etc.). Ils ont déclenché tous deux des psychoses de chasse « contre le mal » proches de l'hystérie collective et faisant quantité de victimes.



Le Voleur de Vie

Du vampirisme au cannibalisme, absorber l'autre revient à s'approprier sa puissance, ses pouvoirs.

L'amour peut générer un tel désir, celui de possèder totalement l'être aimé en soi, et ne jamais en être séparé. Le baiser du vampire, qui lui permet d'absorber la vie de sa proie, est particulèrement significatif (voir Eros et Thanatos), d'autant que la morsure au cou (ou le baiser sur les lèvres par lequel l'âme est volée) contient de fortes connotations sexuelles. (voir Les Instincts)

Le vampirisme est le besoin vital de se nourrir d'une énergie étrangère. C'est la soif personnifiée (voir Les Instincts). Maillon perverti dans l'équilibre naturel entre les choses, il ne fonctionne que dans un seul sens, du vampirisé vers le vampire. Il est le pouvoir du vainqueur sur le vaincu, qui s'approprie ses biens ou ses armes. Contrairement aux autres créatures démoniaques, le vampire ne se contente pas de tuer ses victimes. Il leur dérobe (quelque fois de façon régulière) une certaine quantité de vie pour continuer à exister, à la manière d'un parasite.

Il absorbe soit la vie physique contenue dans le sang, soit la vie psychique contenue dans l'âme de sa victime, le plus souvent des deux (le sang, la tête et le coeur sont tous des symboles et généralement utilisés lors de sacrifices rituels parce qu'ils sont supposés contenir l'âme). En ce qui concerne les légendes qui supposent que le vampire a perdu son âme, on peut supposer que cette recherche serait une manière de combler ce manque.

Vampirismes. Le voleur de chaleur est aussi assimilé au vampire, car il s'approprie de la même manière parasite la chaleur d'autres corps. Pour généraliser, un vampire dérobe de l'énergie (vitale, calorifique, etc...) à ses victimes.
On peut aussi considérer certaines autres formes de vampirisme inconscient chez les vivants : le vampirisme psychique et le vampirisme énérgétique. Le premier concerne une certaine catégorie de personnes qui « exigent » de leur entourage une attention particulière, un support mental, etc. Le deuxième concerne à la fois les vieillards et les malades qui se « nourrissent » de la vitalité de leur famille ou de leur soignants, et le "vampirisme foetal" de l'embryon dans le ventre de sa mère.

Il est très probable que le vampirisme ait été la seule explication aux maladies inconnues (anémies, allergies, cancers, porphyrie, mais aussi dépressions nerveuses qui voyaient les malades dépérir sans raison apparente) pendant très longtemps. (voir Immortalité et désir de vivre)



Le Sang, fascination de l'interdit

Le Sang a toujours exercé une étrange fascination sur les hommes.
Contrairement aux autres liquides corporels dont l'homme a une connaissance primaire (salive, urine, transpiration, dont la perte n'est pas mortelle), le sang emporte la vie avec lui.

Il est le véhicule du pouvoir de la vie, mais aussi celui de la contagion et de la maladie. Infections dues à des blessures, hémophilies, contaminations... Autant de choses incomprises attribuées à l'action de démons accusés de provoquer les épidémies. Ces thèmes sont particulièment récurrents chez le Vampire, et sa morsure elle-même (ou l'échange de son sang), est perçue comme la transmission d'une maladie.

Il draine les substances vitales, et se place par la même au coeur de la vie : son manque entraîne l'inconscience, le coma, et son absence est synomyme de mort : les cadavres ne saignent plus. C'est la nourriture évidente pour les Voleurs de Vie, riche en énergie psychique (ironiquement, le sang n'est pas une très bonne source d'énergie ou de nutriments et demande une consommation très élevée et régulière chez les chauve-souris vampires pour arriver à une alimentation suffisante).

Dracula : Le Sang Est La VieMagie. Dans les cultes paiens et primitifs, le sang est un filtre puissant en magie. Il est l'élixir de vie et de jeunesse, son composant principal : Médée rajeunit Eson, le père de Jason, en lui changeant son sang. Erichto ressucite un mort avec un breuvage à base de sang. Chez les Romains, il servait à attirer par son odeur les spectres dont on voulait quelque chose.

C'est aussi un remède contre les maladies, un instrument d'initiation, le sceau des pactes entre les hommes, et un véhicule de puissance qui draine le pouvoir des vaincus dans le corps du vainqueur. Les sacrifices rituels sont pareillement une offrande de vies dites inférieures à des puissances considérées supérieures.

En réaction, l'Eglise interdit son emploi pour la divination, et sa consommation (tout en sublimant sa symbolique avec la Communion où les fidèles boivent symboliquement le sang du Christ qui leur accorde la vie éternelle de l'âme). Une telle sanction n'a pu que renforcer la force d'attraction du sang, lui donnant un parfum diabolique de pouvoir occulte. Elle lui assura une place de choix dans les pratiques de sorcelleries, héritières chétives des anciens cultes.



Les Instincts

Le vampire est mû par la soif, dont il est une des incarnations les plus fortes, de la même façon que l'ogre ou le loup-garou sont celles de la faim. Tous obéissent en priorité à cette pulsion vitale, capable de faire régresser l'homme à un stade animal : que sommes-nous capables de faire, poussés par la faim ou la soif...? Elle gouverne toutes leurs actions. Elle les prive de retenues sur d'autres instincts primitifs, d'autres faims incontrôlables.
La violence est fortement sous-entendue dans la force surhumaine du vampire (au moins suffisante pour soulever seul la dalle de sa tombe); et le magnétisme qu'il dégage pour attirer à lui ses victimes trahit sa forte sexualité.

Il représente la tentation à laquelle nous ne pouvons résister : le vampire impose sa volonté à sa victime, et délivre la conscience de celle-ci du poids de la culpabilité d'avoir cédé à quelque chose qu'elle espérait, mais qui était considéré comme mal. Il sert de projection aux pulsions refoulées et refusées.
Lorsqu'il ne se nourrit que de jeunes filles vierges, le vampire se fait l'incarnation de cette sexualité puissante et encore inconnue (voire dangereuse dans certains esprits) qui « assaille » les jeunes gens.

La soif qui pousse le vampire a enlacer n'importe quelle créature quelque soit son sexe dans son étreinte mortelle est en parallèle avec la force et l'urgence de pulsions réprimées, qu'elles soient hétéro ou homosexuelles, confrontées à une société réprobatrice. Combattant sa nature, le vampire finit par aboutir à la pervertion sexuelle : son intrusion sur le corps de sa victime pour lui dérober sa vie est l'équivalent d'un viol pur et simple.

Un parallèle s'établit clairement avec les succubes et les incubes. Par ailleurs, la succube babylonienne Lilith est supposée être la mère des démons et des vampires.



Eros et Thanatos : l'Amour et la Mort

Outre le point évoqué tout à l'heure concernant l'amour et le désir d'absorber l'être aimé (cristallisé dans le baiser du vampire) le thème de l'amour lié inéluctablement à la mort remonte à l'Antiquité, avec les Dieux Eros (l'amour) et Thanatos (La mort), tout deux originellement frères, fils de la Nuit et d'Erèbe.

L'étreinte mortelle du vampire tient à la fois de l'amour et de la mort, la victime étant souvent une sacrifiée volontaire à un amour destructeur. Le vampire par ailleurs est confronté à la mort de ceux qu'il aime, soit par le temps s'il les laisse humains, soit par lui-même s'il en fait des vampires à leur tour. (voir Les Instincts pour la question de sexualité)

Dracula et Mina : l'amour dans et au-delaà de la mort Les histoires de vampires (broucolaques) d'Europe de l'est sont souvent celles d'un mort qui s'attaque en premier lieu à sa famille proche (conjoint, enfants, parents). Outre le fait qu'il soit probable que ces histoires dérivent de la contamination de toute une famille par la même maladie, il exprime aussi une volonté d'être ensemble malgré la mort, et dans la mort qui devient le seul espoir de réunion. Les histoires d'amour tragiques, telles Roméo et Juliette, traite de ce même sujet.

Les Déesses vierges et guerrières sont souvent l'autre facette de celles de la fécondité et de l'amour... Chez les Egyptiens, la triple déesse Bastet, Sakhnet et Hatour (Amour, Guerre, et Vache céleste) sont la même femme, mais qui change de visage selon son humeur. Chez les Grecs, Artémis est vierge, mais aussi la personification de la Lune, symbole de fécondité.

Elles se retrouvent toutes dans l'image de la Déesse Mère originelle, à la fois vie et mort indissociables. Les Mayas associaient au vampire, ressucité, le cycle des saisons et de la mort et de la renaissance de la Terre.



La Métamorphose

Les vampires sont soit maîtres, soit victimes de leur métamorphose.
Pour ceux qui contrôlent la métamorphose, il s'agit d'une marque de pouvoir. Les Dieux et des Magiciens exercent de cette façon leur puissance sur les humains, en les punissant ou les séduisant à volonté. Des familles se voient ainsi marquées pour des générations par ces malédictions, métaphore de l'héritage génétique physique et psychologique; la lycanthropie est d'ailleurs elle aussi considérée comme héréditaire. Les vies et les corps des humains sont à disposition d'êtres « supérieurs » dont la volonté est une forme du destin.

Les loup-garous,<br>à la frontière <br>de l'humanité Pour ceux qui subissent cette Transformation, c'est une initiation.
L'Homme transformé de façon ponctuelle subit une épreuve dont il devra triompher en prouvant qu'il est digne de retrouver sa place humaine (à rapprocher des totems animaux Indiens). S'il échoue, il reste prisonnier du stade animal (à rapprocher des réincarnations Indouistes). C'est la recherche de l'équilibre entre humanité et nature.

La métamorphose est un état de transition. Si le Loup Garou lie l'animal à l'humain (il est le symbole de la compréhension instinctive du monde, juste avant la réflexion, il est aussi l'ambiguité des Oracles d'Apollon) le vampire lie l'humain à l'univers (voir Elévation.)
Le loup-garou et le vampire ont certaines choses en commun dans de nombreuses traditions: ils partagent la libération des instincts, la dualité Amour-Mort, ainsi que la notion de cycle (lunaire pour le loup-garou, quant au vampire, il se voit parfois obligé d'accomplir certains rituels une fois par mois, par an, par siècle, etc...).

Cependant le vampire cumule les deux stades de métamorphoses, initiation, et pouvoir sur les autres. Il est à la fois victime (son corps porte les marques de sa nouvelle condition, crocs, pâleur, etc...) et maître (il endosse les formes des animaux qu'il peut contrôler, rats, loups, etc...).



La vengeance

Le retour des morts... ou la culpabilité des vivants
Les morts-vivants représent la peur que les morts reviennent se venger de ce qu'on leur a fait ; si jamais l'on a souhaité ou fait du mal à une personne défunte, l'impossibilité de réparer sa « faute » provoque une certaine culpabilité. C'est l'une des origines des fantômes (ou plus près de notre sujet, les Vroucolaques d'Europe de l'Est) qui reviennent en premier lieu vers leur proches pour se venger d'eux, (l'autre étant le besoin d'accomplir quelque chose avant de partir définitivement).

Lamia, vampire Grecque, assassine désormais à jamais tous les enfants qu'elle croise, par vengeance envers Héra qui a tué ses enfants en représailles de ses amours avec Zeus.

The Crow, une vengeance violente et désespérée.Les enfants nouveau-nés privés de la vie qu'ils auraient dû avoir, les victimes de morts violentes, les suicidés (ainsi que ceux qui avaient raté leur destinée étaient supposés devenir soit des Stryges soit des Sirènes chez les Grecs), ainsi que ceux qui n'ont pas bénéficié de sépulture décente (excommuniés, ou morts de guerre ou d'épidémie enterrés à la hâte, ou encore ceux dont on néglige les tombes et les offrandes), sont suspectés devenir des âmes tourmentées qui hantent les vivants responsables de leur malheur.

Ils prennent alors des formes variées, du vampire au fantôme, appelés Ombres par les Grecs ou Larves par les Romains.
Le phénomène de cruention (saignement du corps d'une victime décédée en présence de son meurtrier) était couramment évoqué.

De la terreur du retour des morts sont nés tous les rites funéraires, enterrements très profonds sous des dalles très lourdes, ou sous un monticule de pierre, ou encore incinération. Les offrandes, de nourriture ou d'objets destinés à l'usage soi-disant posthume des décédés, sont des protections contre les resurrections intempestives.



Désir de vivre et peur de la mort

Revenons maintenant à la peur initiale, la peur qui nourrit toutes les autres : la peur de la mort. Le complexe de Faust, la jeunesse éternelle, et qui chasse la vieillesse qui mène à la mort.

Outre la peur de la nuit, la peur du néant a hanté les hommes. Pour combler ce terrifiant vide, ils ont peuplé l'Au-Delà de quelque chose : Paradis, Enfer, survie de l'âme et réincarnation sont autant de palliatifs à cette terreur. Dès lors que les disparus ne le sont plus tout à fait, la peur de la vengeance des morts peut élaborer ses rites funéraires.

Dans l'ordre des choses, une fois la survie de l'âme « assurée », le corps ne pouvait que revendiquer une semblable conservation. Les mythes de vivants-dans-la-mort, ou revenants-en-corps prirent leur place. Cela dit, cette conservation du corps est à deux tranchants : elle est soit un sursis accordé sur Terre, soit une malédiction terrible, le chasseur de vampires trouvant là une fonction de libérateur.

Au-delà du mythe, on trouve les cas « réels » de vampirisme. Dans ce scénario, deux rôles sont possibles : la victime, ou le bourreau.

Dans le cas d'identification à la victime du vampire :
Le désir de vivre non contrôlé (ou non accepté) déclenche un retournement des forces psychiques contre soi-même, ce qui entraine effectivement les symptomes de maladies, affaiblissement, etc... Ce fantasme d'autodestruction serait alors projeté sur l'Autre, l'Ennemi, le Danger, qui en voudrait à la vie tant désirée de celui qui se croit victime de vampires.

Dans le cas d'identification au vampire lui-même (voir L'Image du Vampire")

Le syndrome de Renfield est un cas extrème où le sujet perd toute différenciation entre le rêve et le réel, et croit avoir besoin d'absorber des vies et/ou du sang pour survivre. Cela relève de la psychiatrie.



Élévation de l'homme vers l'univers

Ni vivant, ni mort, mais vivant dans la mort, le vampire viole les règles élémentaires de la vie et de la mort. On peut le comparer, comme le Shaman, à un intermédiaire, un lien entre les esprits et les hommes, un initié aux secrets des morts et des vivants.

Si le Tout Universel est un système denué de l'Espace-Temps tridimensionnel (longueur, largeur, profondeur et passé, présent, futur) tel que celui qui régit notre perception humaine (l'Infini est très difficile, voire impossible à concevoir à notre échelle), le vampire se place comme un délicat compromis entre celui-ci et notre univers à l'échelle humaine, qui est soumis au passage du Temps et aux lois physiques de l'Espace. Il dépasse les limites humaines, de par son immortalité (transcendance du temps et de ses trois dimensions passé/présent/futur) et ses pouvoirs (que ce soient ses dons polymorphes, la capacité de voler ou simplement sa vitesse et sa force supérieures) qui défient les lois physiques (transcendance de l'espace tridimensionnel).

Le Sphinx d'Amenemhat IIIl représente une sorte de surhomme mi-terrestre mi-divin, un condensé du Tout universel, le Plus Grand (l'esprit ou l'énergie universelle) dans le Plus Petit (le corps ou l'esprit humain). Pour les Chinois et les Mayas, c'est une sorte de Sphinx, possèdant un savoir supérieur, et divulgant son enseignement initiatique après l'avoir lui-même acquis dans l'épreuve. (voir Métamorphose.)

La principale difficulté que rencontre le vampire devant ce paradoxe est qu'il ne sait pas quoi en faire. Il peut recevoir beaucoup de potentiel, à la fois énergétique et spirituel, des sphères différentes auquelles il appartient, et possèdant encore ses repères de vivant, ne pas savoir comment l'employer ou le vivre.

Cette élévation spirituelle peut éventuellement s'opposer ou compléter le thème du retour aux instincts.



L'Image du Vampire

Le vampire fait partie, désormais, de notre quotidien. Il est diffusé par la télévision et dessiné dans les livres pour enfants. Cela a ses conséquences, à différents niveaux.

Le phénomène a évidemment plusieurs facettes. La première est celle de la télévision, du théatre, celle des Jeux de Rôle. Loin de rendre ceux qui les pratiquent dangereux, il s'agit de la part du rêve, de l'imagination, de l'illusion d'un spectacle.
Tout ce qui fait du vampire un être supérieur (pouvoirs, immortalité...) est d'autant plus fascinant que cet état nous est raconté comme accessible à l'homme, le vampirisme étant potentiellement transmissible, cet être surnaturel sorti d'un homme naturel. L'existence des vampires, libre de toute contingeances mortelles, semble être tellement plus simple.
Qui n'a jamais rêvé d'être Superman, le temps d'une partie de jeu, ou d'un film, ou d'un livre...?

Le vampire pour rireUn peu plus loin se rencontre ce qui est l'essence du fantastique, genre longtemps déconsidéré et pourtant si riche : le miroir de l'âme humaine. Rencontrer ses démons familiers, ne plus les fuir, et apprendre d'eux.

Dans cette optique l'image du vampire a évolué dans la littérature depuis Dracula. Le narrateur n'est plus le chasseur, mais le vampire lui-même, c'est à ce dernier que le lecteur s'identifie désormais. Le vampire, comme nous venons de le voir, est chargé de symboles sur ce qui est au coeur même de l'humanité, la peur de la mort, la vie, l'amour, la sexualité. Il cristallise des angoisses humaines qu'il n'est pas toujours évident d'exprimer ou seulement d'accepter. Au lieu de refouler toutes ces choses, comme le chasseur de vampire qui détruisait aveuglément, nous pouvons considérer ces choses, les réfléchir. Finalement, c'est l'humain ici qui prévalue sur le vampire.

Je pourrais même rajouter ici la fonction exutoire du film d'horreur: exprimer ces peurs qui sont en nous et auxquelles nous n'osons donner de visage ni de raison. Se faire peur en visionnant un film d'horreur, c'est une excuse, une fausse raison soi-disant plus acceptable pour nous de se laisser terroriser que nos peurs intérieures.



Vampires « pour de vrai »

Nous sortons ici du cadre de notre étude sur les vampires de fiction.
Il faut mentionner tout de même l'autre côté du miroir : ceux se trouvent ceux qui se réfugient dans le rêve perpétuel, qui fuient la réalité humaine, la condition d'être mortel et toutes les angoisses qu'elle entraine, en espérant devenir un être immortel. Cette fuite est souvent doublée par le désir d'obtenir une liberté de violence sans interdits, voire même justifiée par sa condition de vampire. Ce comportement est souvent le reflet d'un refus de la condition humaine et d'un manque ou une absence d'adaptation à son milieu. C'est une manière d'exprimer un besoin de marginalité par rapport à un monde par rapport auquel ils se sentent en décalage, et une nécéssité d'appartenir malgré tout à un groupe.

Cette minorité de gens qui sont persuadés d'être des vampires évitent la lumière, se maquillent et se conduisent comme les vampires de cinéma. Certains sont inoffensifs et en restent à un certaine style de vie (nocturne, look, etc...)
D'autres au contraire sont plus inquiétants, comme cette secte située à Istanbul qui organisait des orgies au cours desquelles ses membres buvaient du sang provenant d'une banque de sang privée appartenant à la secte. Lorsqu'ils passèrent au sacrifice meurtrier, ils furent arrêtés, en 1970.

Au-delà, nous entrons dans des comportements criminels pathologiques et sanguinaires, souvent liées dans les médias à des meurtres violents, la nécrophilie ou à des tueurs en série ; des spécialistes en parleront bien mieux que nous.



À lire sur le sujet...

  • Sang pour sang, le réveil des vampires, de Jean Marigny (Découvertes Gallimard, 1993), chapitre I L'amour du sang, 4 premières sections p.13-21
  • B.A.BA des vampires, de J-P Ronecker (Pardès, 1999), chapitre II L'état vampirique et son contexte p.17-32 et chapitre IX Symbolisme du vampire p.83-84
  • Le vampirisme au quotidien de Gérard Lopez (L'esprit du temps, 2001)

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    Vampires, les Enfants de Selene, janvier 2014