|
Dictionnaire de Trévoux (1771)
Vampire, Wampire, Oupire et
Upire : "nom masculin et féminin. Les vampires sont une sorte de
revenants qu'on dit infester la Hongrie, la Moravie, la Bohême, etc. Ce
sont, dit-on, des gens qui sont mort depuis plusieurs années, ou du
moins depuis plusieurs mois, qui réapparaissent, se font voir, marchent,
sucent le sang des vivants, en sorte que ceux-ci s'exténuent à vue
d'oeil, au lieu que les cadavres comme des sangsues, se remplissent de
sang en telle abondance, qu'on les voit sortir par les conduits et méme
par les pores. Pour se délivrer des Vampires, on les exhume, on leur
coupe la tête, on leur perce le coeur, on les empale, on les brûle ...
On distingue principalement 2 sortes de vampires, les vampires actifs,
et les vampires passifs. Les premiers sont les morts revenants qui
sucent le sang des vivants. Les seconds sont les vivants sucés : mais
les vampires passifs, une fois mort deviennent actifs...
Mais dans l'affaire du vampirisme, qu'on nous montre des gens dignes de
foi, bien sensés et de sang froid qui disent : nous avons vu un tel
jour un vampire, qui avait été notre parent, notre ami, qui portait tel
nom : il était mort depuis tant de mois ou d'années, il nous a tenu
tels discours, il a fait telle opérations sur nous. Pour arrêter les
persécutions, nous l'avons fait exhumer, etc. Telle doit être la
formule du témoignage, et l'on défie toutes les provinces que l'on
vient de nommer, d'en produire un semblable. Ce sont des bruits
populaires, des traditions qui transmettent, comme nos historiettes de
lutins et de revenants..."
Dictionnaire infernal (Collin de Plancy, 1818)
Broucolaques - Vampires
Broucolaques ou vroucolaques : (extraits) Nom que les Grecs donnent à leurs vampires ou spectres d'excommuniés. Ils sont persuadés que ces excommuniés ne peuvent pourrir dans leur tombeau, qu'ils appraissent la nuit comme le jour, et qu'il est très dangereux de les rencontrer. Léon Allatius, qui écrivait au XVIe siècle, entre là-dessus dans de grands détails; il assure que dans l'île de Chio les habitants ne répondent que lorsqu'on les appelle deux fois, car ils sont persuadés ques les broucolaques ne les peuvent appeler qu'une fois seulement. Ils croient encore que quand un broucolaque appelle une personne vivante, si cette personne répond, le spectre disparaît; mais celui qui a répondu meurt au bout de quelques jours. On raconte la même chose des vampires de Bohême et de Moravie.
Pour se garantir de la funeste influence des broucolaques, les Grecs déterrent le corps du spectre et le brûlent, après avoir récité sur lui des prières; alors ce corps réduit en cendres ne parait plus. Ricault, qui voyagea dans le Levant au XVIIe siècle, ajoute que la peur des broucolaques est générale aux Turcs comme aux Grecs. (...)
Lire l'article en entier
Vampires : (extraits) On a donné le nom d'upiers,
oupires et plus généralement vampires à des hommes
morts depuis plusieurs années, ou du moins depuis plusieurs mois,
qui revenaient en corps et en âme, parlaient, marchaient, infestaient
les villages, maltraitaient les hommes et les animaux, suçaient le
sang de leur proches, les épuisaient, et enfin leur causaient la
mort. On ne se délivraient de leurs dangereuses visites et de leurs
infestations qu'en les exhumant, les empalant, leur coupant la tête,
leur arrachant le coeur ou en les brûlant. - Ceux qui mouraient suçés
devenaient vampires à leur tour.
Les journaux publics de la France et de la Hollande parlent, en 1693 et
1694, des vampirs qui se montraient en Pologne, et surtout en Russie. On
voit dans Le Mercure Galant de ces deux années que c'était
alors une opinion très répandue chez ces peuples que les vampires
apparaissaient de midi à minuit; qu'ils suçaient le sang des
hommes et des animaux vivants avec tant d'avidité que souvent ce
sang leur sortait par la bouche, par les narines, par les oreilles; et quelques
fois leur cadavres nagaient dans le sang répandu dans leus cercueils.
On disait que ces vampires, ayant continuellement grand appétit,
mangeaient aussi les linges qui se trouvaient autour d'eux; on ajoutait
que, sortant de leur tombeaux, ils allaient la nuit embrasser violement
leur parents ou leur amis, à qui ils suçaient le sang, en
leur pressant la gorge pour les empêcher de crier. Ceux qui étaient
suçés s'affaiblissaient tellement qu'ils mouraient presque
aussitôt. Ces persécutions ne s'arrêtaient pas à
une personne seulement; elles s'étendaient jusqu'au dernier de la
famille ou du village (car le vampirisme ne s'est guère exerçé
dans les villes), à moins qu'on en interrompit le cours en coupant
la tête ou en perçant le coeur du vampire dont on trouvait
le cadavre mou, flexible, mais frais, quoique mort depuis très lontemps.
Comme il sortait de ces corps une grande quantité de sang, quelques-uns
le mélaient avec de la farine, pour en faire du pain : ils prétendaient
qu'en mangeant ce pain ils se garantissaient des atteintes du vampire. Lire l'article en entier
L'Occultisme (Julien Tondriau, 1964)
Vampire : 1) voir lémures : Ames des morts qui reviennent
certains jours sur Terre soit par attachement au corps soit pour tourmenter
les vivants chez les Romains (apaisées par les fêtes Lemuria,
en mai). Moins effayantes que les larves, moins honorées que les
mânes, certains rangèrent les vampires parmis elles, car ces
lémures apparaissent en spectres ou en forme animale. A différencier
du Loup-Garou. 2) Sorcier mort que l'imagination populaire suppose sortir
la nuit du tombeau pour sucer le sang des vivants, jeunes filles de préférence.
Dictionnaire du Diable et de la Démonologie (Julien Tondriau et Roland Villeneuve, 1968)
Vampire : (extraits) Le vampir, écrit Littré,
est "un être qui, suivant la superstition populaire, sort du
tombeau pour sucer le sang des vivants". Par extension, peuvent être
considérés comme vampires les personnes qui profitent, à
la manière du roi David, de la chaleur d'autrui, ou de bains de sang
capables de leur rendre jeunesse et vigueur : Louis XI, Innocent VIII et
la Comtesse Bathory essayèrent ce traitement que Médée
jadis pratiqua sur le père de Jason.
(...)
Moeurs et coutumes des vampires : Ni mort ni vivant, mais vivant dans la
mort, le vampire est comme l'a dit Montague Summers, une anomalie, un androgyne
dans le monde spectral, un paria parmis les monstres. Ils s'apparente au
Loup-Garou dans de nombreux folklores, et aux possédés diaboliques,
dans la religion orthodoxe. Le vampire (qui porte aussi le nom de broucolaque,
vrykolakas, oupire et katanès) est généralement maigre,
très poilu et muni de dents acérées, à l'état
de repos. Il devient, une fois repu, gras à en éclater, et
le sang frais de ses victimes lui sort de la bouche, du nez et des oreilles.
Ainsi le reconnait-on aisément.
Le vampire est doué d'une force surhumaine, pour soulever la dalle
des tombeaux. Il se plait à effrayer les braves gens en venant frapper
à leur porte la nuit, car il déteste le Soleil, privé
qu'il est d'ombre et de reflet. Il émet de sourds grognements au
fond de son sépulcre et devant lui, les chiens tombent en arrêt.
Les suicidés, les excommuniés, les sorciers ont toutes les
chances de devenir vampires après leur décès, ainsi
que toutes les personnes suçées par un vampire à la
veine jugulaire.
On vient à bout des vampires en leur tirant dessus avec un balle
en argent gravée d'une croix; en leur coupant le cou ou en les empalant
avec un pieu au milieu du corps. De toute manière, il convient de
les brûler complétement. On se protège de leur infestation
en remplissant les chambres de miroirs; en portant des colliers de fleurs
d'ail, des crucifix en bois, des fers à cheval; en mangeant un peu
de la terre du tombeau où le vampire a été enterré,
ou en absorbant un peu de sang qu'il a suçé : en somme, les
méthodes homéopathiques avant la lettre...
Larousse (édition de 1988)
vampire : n.m. et adj. (all Vampir d'orig. scand 1746) 1.
Mort qui suivant la superstition populaire, sort la nuit de sa tombe pour
sucer le sang des vivants. - 2. (1835) Malade mental qui commet des assassinats
ou des violations de sépulture, avec des intentions lubriques en
général : Le Vampire de Dusseldorf. - 3. (1761) Chauve-souris
de l'Amérique du Sud, qui se nourrit de sang (ce grand chiroptère
atteint 75 cm d'envergure) : Je ne répondis plus et partis pour
les continents où volaient larges comme des vampires les tétards
de ma chambre (Giraudoux). - 4. (1770) Personne qui s'enrichit du travail
et du bien d'autrui en l'épuisant : "Les vampires de la finance".
* vampirique : adj. (v. 1780) Qui a le caractère, l'avidité
d'un vampire. * vampirisme : n. m. (1746) 1. Avidité de ceux
qui s'enrichissent du bien ou du travil d'autrui; avidité insatiable.
- 2. (1891). Maladie mentale qui caractérise le vampire.
|
|
|